mardi, janvier 10, 2017

FFF - ARBITRAGE : Les anecdotes croustillantes de Claude COLOMBO...

Par Eric WIROTIUS-BELLEC archivé dans , , , , , , , ,


Publié le 10/01/2017 - l'ancien arbitre international, Claude Colombo, vice-président délégué du District de la Côte d'Azur et Observateur DTA en Ligue 1, se remémore quelques épisodes marquants de sa riche carrière....
La pression médiatique a-t-elle changé ces dernières années ?

Pas forcément. Elle existait déjà à mon époque. Qu'il y ait 5 ou 20 caméras, cela ne change rien. Nous sommes en représentation permanente. Même au supermarché, j'étais encore arbitre. On ne peut pas être Docteur Jekyll et Mister Hyde et avoir des réactions de citoyens lambda. Être arbitre, c'est une fonction qui vous suit partout dans votre vie.

Lorsqu'on est sur le terrain, peut-on apprécier l'environnement, les tifos des supporters, l'ambiance ?

On essaie de devenir hermétique et il faut faire attention à ne pas être perturbé par l'environnement. On est dans un état second et dans une bulle sinon, on risque d'être influencé et de se prendre pour Zorro. Cela dit, j'ai des souvenirs d'ambiances extraordinaires dans les plus grands stades d'Europe à Madrid, Milan, Barcelone, Londres ou ailleurs. J'ai fait une centaine de déplacements et j'ai vu un peu de tout. On a comme ça quelques images fugitives dans un match. On aperçoit un mur d'écharpes, on entend les chants mais très vite il faut se concentrer sur le jeu et les décisions à prendre dans l'instant. Parfois, on ne comprend pas ce qu'il se passe. J'ai le souvenir d'une rencontre à Torshavn aux Iles Féroé face à la République Tchèque. Déjà quand j'ai été désigné, je suis allé voir un Atlas. Je ne savais même pas où ces îles se situaient et je croyais que c'était un gag. Pendant la partie, à plusieurs moments, les gens se sont mis spontanément à applaudir sans que l'action ne le justifie. Je ne comprenais pas et ça revenait régulièrement. A la fin du match j'ai demandé la raison au délégué. « Ils ont applaudi à chaque apparition d'un rayon de soleil ! », m'a t-il dit. Je ne m'attendais pas à ça. En Méditerranée, ils auraient eu mal aux mains !


Un autre match particulier ?

Je me souviens aussi particulièrement d’Écosse / Ukraine, un match qualificatif pour l'Euro, quelle ambiance ! Avant la rencontre, quatre ténors avaient entonné l'hymne repris par 50 000 personnes. Mes assistants, qui n'avaient jamais mis les pieds auparavant à Glasgow, avaient les larmes aux yeux et encore aujourd'hui, Bruno Coué et Jean-Philippe Izzo ont les poils qui se hérissent quand ils évoquent ce match. Moi aussi j'avais été impressionné et les frissons avaient parcouru tout mon corps. J'avais déjà arbitré les Rangers et le Celtic mais jamais l'équipe nationale. Déjà, dans la journée en ville, les supporters, de 7 à 77 ans, étaient tous en kilt. Et dans les gradins, quelle ferveur ! C'est unique même si le stade n'était pas le plus grand d'Europe. Il y a là-bas quelque chose de spécial. Un esprit, une passion, un feeling hors du commun.

Vous avez aussi dirigé la finale de la Coupe de France ?

Oui c'était en 2000 entre Nantes et Calais. Diriger une finale nationale est toujours un événement dans une carrière. J'avais demandé à ce que tous les membres du quatuor aient la main sur le cœur pendant la Marseillaise. Un symbole et un moment forts que j'avais beaucoup appréciés. J'avais sifflé à la 90ème minute un penalty pour les Nantais alors que le score était de parité (1-1). La faute existait même si Alain Caveglia en avait beaucoup rajouté en tombant. Le coup de sifflet le plus difficile à donner de ma carrière, car je savais que le match était alors terminé. C'était dur pour les Calaisiens totalement anéantis. Les quelques mètres à parcourir pour aller vers le point de penalty m'ont paru gigantesques et ça a duré une éternité dans un brouhaha indescriptible. Les joueurs et les supporters pleuraient. Je savais à ce moment précis que je me mettais à dos la plupart des téléspectateurs qui prennent toujours parti pour le petit Poucet…


Et vous rencontrez à l'issue de la rencontre le Président de la République…

Effectivement. Lorsque je monte à la tribune présidentielle récupérer la médaille de la finale. Jacques Chirac me félicite et je lui dis : Vous savez Président, parfois je me demande si ce n'est pas plus difficile de diriger un match de football que de diriger la France ». Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de dire cela ! Il sourit et je rejoins les vestiaires. Je passe devant la presse qui me parle et reparle de ce penalty pendant une demi-heure. Puis, enfin la douche. Au Parc des Princes, le vestiaire formait un T et je m'étais mis dans la partie la plus isolée où je ne voyais pas la porte d'entrée. Soudain, j'aperçois le délégué qui me fait signe que le « président est là ». Sur le moment, j'ai pensé que c'était le président de la FFF, Claude Simonet, qui venait régulièrement me saluer après les matches et donc, j'ai fait comme d'habitude en sortant complètement nu. Et là, stupeur ! C'était Chirac avec toutes les caméras ! Grand moment de solitude !

Que vous a t'il dit ?

Il m'a dit : « J'ai la réponse à votre question, c'est plus difficile de diriger un match de foot ! » Incroyable ! Un moment unique !

Source : LIGUE DE MÉDITERRANÉE DE FOOTBALL